Mosjoen:

Ce matin, une belle surprise m'attend, je démarre le TomTom et voilà que celui-ci me déclare que l'étape "récréation" (seulement 400 km prévus) se compose en partie de routes non goudronnées. Je n'ai pas le véhicule adéquat, je lui demande de me recalculer l'itinéraire et c'est maintenant 620 km. Il me faudra 8h45 pour arriver à l'hôtel.

Mon passage à la frontière est accompagné par la pluie. De Stjordal à Steinkjer , la circulation est dense, la limitation de vitesse varie de 60 à 80 km/h et pour arranger ça, ce n'est pas une légende, les norvégiens respectent scrupuleusement le code de la route. Je ne regrette pas d'avoir fait l'impasse sur le sud de la Norvège qui est la région la plus peuplée.


 La pluie s'est arrêtée, je suis au paradis des motards, la route tourne , vire et invite au pilotage. Je trouve même quelques motards du cru et malgré ce que j'ai pu dire plus haut, ceux-ci ont engagé une baston amicale à laquelle j'ai répondu présent. Rien à voir avec la Suède, ici tous les motards, quelque soit leur nationalité vous saluent. Est-ce l'approche du Cap Nord qui change les mentalités ?


Heureusement que la journée s'est bien passée car l'hôtel que j'ai réservé est minable.

Les peintures sont passées, les tapis élimés et le personnel fantôme et je n'ai pas d'eau chaude pour ma douche. Je décide de ne pas me restaurer là ce soir et vais visiter Mosjoen. J'ai dîné dans  un restaurant très typique où un steak de renne très bien cuisiné et accompagné a ravi mes papilles.  La rue Sjogata est une curiosité touristique où l'on peut admirer une centaine de maisons bois du 19 eme siècle.


Narvik:

C'est le septième jour, une étape de 520 km qui me demandera 8h30 de route. Cette journée sera fantastique, j'en ai encore les yeux qui brillent. Il fait un temps magnifique, les virages vont s’enchaîner ( les pneus doivent s'user en V). Pour résumer, je dirais des virages et encore des virages, des fjords et encore des fjords, une luminosité exceptionnelle, des arrêts photos et des films. Je me suis surpris maintes fois à crier très fort dans mon casque " mon dieu que c'est beau", comme pour me persuader que je ne rêvais pas. il n'y a pas d'autres mots ou plutôt il n'existe pas de mot assez fort, c'est indéfinissable. Je dois être au pays des fées. .La circulation est quasi nulle, j'ai le sentiment d'être un pionnier.


La route s'arrête soudain et je me retrouve devant une gare maritime avec 2 choix possibles. Le GPS m'indique de prendre la file de droite, celle où il y a le moins de monde, je prends ma carte et comprends que je suis arrivé à Bognes. Le ferry de gauche dessert les îles Lofoten (destination très prisée des autochtones car le climat y est particulièrement doux en hiver et les températures peuvent dépasser les 25° en été) et effectivement celui de droite dessert la route de Narvik.


 Plus léger de 7 Euros, j'embarque pour une traversée d'environ 20 minutes, 80 km me séparent du point de chute de la journée, il me faudra un peu plus de 2h00 pour les parcourir. Ce soir, je vais bien dormir, l'hôtel est top.

J'enfile mes baskets et pars à la découverte de la ville, Narvik centre est traversé par la E6. Je prends quelques photos mais ce n'est vraiment pas le coup de cœur. 

Le joyau c'est l'écrin qui l'entoure (ouais, je sais, c'est beau ce que je viens d'écrire ...) 

Alta :

C'est la dernière grande ville avant le Cap Nord,  520 km vont se rajouter au compteur de la moto.

Il fait encore très beau ce matin, la route est toujours aussi belle et les paysages qui défilent sont aussi grandioses que ceux de la veille. Si je m'écoutais, je serais arrêté tous les 500 mètres pour immortaliser la nature environnante. Les premiers rennes que je découvre sont cachés dans le noir sous un court tunnel. J'aurai l'occasion d'en voir beaucoup d'autres et souvent sur la route. C'est la journée animal, en moins d'une heure 3 magnifiques renards à l'épaisse fourrure ont traversé devant la moto.


La Laponie norvégienne est vraiment une superbe région, la nature y est reine. En Suède, il est quasiment impossible de pénétrer dans les forêts qui longent la route car des hauts grillages en interdisent l'accès (pour éviter les accidents avec les rennes, je pense) alors qu'ici tout à l'air d'appartenir à tout le monde. L'homme et l'animal vivent en parfaite harmonie. Partout où il y a un lac ou une rivière, il y a des cabanes de pèche et il n'est pas rare de voir des voitures stationnées au milieu de nul part, elles appartiennent à des pécheurs. La truite, l'omble arctique, l'ombre et le saumon peuplent les rivières.


Tout allait trop bien, je vivais un rêve éveillé quand la réalité est venue me rappeler à son bon souvenir. Alors que je repartais après un énième arrêt photo, j'ai senti la moto se dandiner de l'arrière, à l'accélération elle s'est mise carrément à louvoyer. Ma roue arrière devait être crevée. Stop dès que possible et vérification, ça me parait bien plus grave. Ma roue est aspergée par l'huile qui se vide du cardan, je mets tout de suite un chiffon afin d'éviter qu'elle se répande par terre. Alors que je suis en train d'analyser le problème, un motard espagnol que je doublais et qui me redoublait au fur et à mesure des arrêts photos vient se stationner à côté de moi . Il se couche sous la moto et m'explique que ce n'est peut-être pas si grave, il me parle du joint du cardan. Je le remercie, non l'esprit motard n'est pas mort, on le retrouve chez les routards et ça fait chaud au cœur. Je lui souhaite bonne route et me décide à appeler l'assistance de mon assurance.


J'explique mon problème : je suis en Norvège, en panne sur le bord de la route, grâce au GPS je donne ma situation exacte. Je suis tombé en panne à 40 km d'Alta sur la seule route importante qui y mène. Deux heures après, je suis contacté par le correspondant norvégien à qui je réexplique la situation et je donne à nouveau mes coordonnées. Il y a maintenant 4h00 que j'attends et toujours personne, de nombreux motards passent et me saluent. Je commence à perdre patience, ma batterie de téléphone va bientôt me lâcher. Je rappelle l'assistance en France. Il a fallu 5h00 avant que je vois arrivé le camion de dépannage, heureusement que je n'étais pas à 80 km d'Alta.


Je prend une véritable suée à aider le dépanneur à positionner la moto sur le camion et j'essaie de rester calme quand je vois le peu de soin pris pour l'arrimer. Nous laissons la moto dans un dépôt un peu bizarre et je suis déposé à mon hôtel. J'aurai des nouvelles demain. Je prends possession de ma chambre et comme il est l'heure de dîner, demande si je puis me restaurer, on est dimanche, il n'y a pas de service, on me conseille d'aller à l'hôtel qui se trouve 500 m plus loin. Là on refuse de me servir car le restaurant est soi-disant complet, pour me consoler je me répète l'adage "qui dort dîne" et pourtant le petit déjeuner est loin.


j'ai dû dès le lendemain trouver un autre hôtel et ai su que le diagnostic ne serait fait que le mardi.  Quelques recherches sur internet m'ont appris que sur ce modèle et année de moto des casses de roulements de cardan entraînaient les fuites d'huile au niveau du joint. La moto est prête le mercredi soir, la réparation a été hyper rapide. J'avais tellement peur que cette panne oblige mon rapatriement alors qu'il ne me restait plus que 240 km pour atteindre la destination de mes rêves.


Les conséquences de cette panne ont été les suivantes : j'ai annulé tous les réservations d'hôtel, j'ai revu mon itinéraire retour car je ne pouvais changer la réservation du ferry en Finlande, les pays de l'est seront pour une autre fois............    Mais le plus important était que je CONTINUAIS....................

 

De cette situation est né un proverbe (cf plus haut) :

  • Si un matin, 3 renards la route te coupent, des ennuis tu auras sans aucun doute.